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Quelque part en Chine
13 avril 2011

La solution pour ne pas dormir au bureau : dormir la nuit.

J’ai résolu mon épisode entre 15 h et 17h : il me manquait tout simplement deux heures de sommeil. Les maths c’est facile parfois. Ce matin je me suis rendormie comme une crotte et réveillée à 9h : je suis arrivée au bureau à 10h15 après avoir encouragé un taxi tout le trajet comme un cheval de PMU. J’ai eu un coup de barre à 11h30, mais c’est parce que je n’avais pas pris de petit déjeuner. A midi j’ai assisté au match de ping-pong dans le hall de l’immeuble entre un VIE, A... alias Portos et un chinois de la vieille école. Bien beau match en vérité, soldé par un échec français à peu de choses près. Tous les midis des compètes entre bureaux sont organisées. I... F..., la grande manitou d’U... Shanghai, devait participer mais elle a dû se décommander pour cause de réception de ministre. Quel pays.

J’ai ensuite mangé des jiaozi avec le valeureux perdant et son fan club auquel je m’étais jointe. D... évoquait son anniversaire et la mine qu’ils allaient se mettre le soir. J’ai dit, ingénue : Ah, vous sortez ce soir ? D..., un peu contrit : Oui, on va fêter ça entre hommes. Moi : Oh, je vois, vous allez aux putes quoi. Al... a failli s’étouffer avec son jiaozi. D... a dit à A... : Mais où il les trouve ses stagiaires M... ? A... m’a dit : Toi, je t’aime bien.
Oui, l’ambiance est bonne au bureau.
Pour l’après-midi je me suis acheté un pack de boissons énergétiques chinoises, mais je n’y ai même pas eu recours : mes premières 7h de sommeil consécutives en Chine ont été efficaces.  M... a l’air content de la façon dont je m’organise ; à 17h30 on a mangé le gâteau d’anniversaire de D..., qui était nettement moins dégueu que celui d’A... lundi. Barney Stinson m’a prêté sa collec’ de DVD bourrée de films d’horreur et E... m’a invitée à venir avec elle à la Ladies’ night au 92e étage du Décapsuleur  le soir même. Elle est super gentille avec moi, je pense qu’elle est contente de voir enfin une autre stagiaire française.

J’ai pris le métro pour aller voir une autre coloc au rabais, assez loin aussi au final. Deux jeunes Laurel et Hardy chinois me regardaient intensément durant le trajet tout en parlant de moi. Je les fascinais, apparemment. Heureusement pour moi ils parlaient un putonghua limpide, et je n’en ai pas perdu une miette.
    Tu crois qu’elle est étrangère ?
    Oui, c’est sûr ! Mais américaine, anglaise ou française, je sais moi ?
    Elle comprend le chinois tu crois ?
    Non on dirait pas. Mets-toi à côté d’elle. Elle est toute petite !
    J’espère qu’elle comprend pas ! Je te connais pas ! Elle est super jolie !
    Oui elle est super jolie ! Elle tient la barre. Je vais glisser ma main pour toucher la sienne.
Ce qu’il fait. Je retire ma main et entreprends de m’attacher les cheveux puis de m’éventer avec mon plan de métro.
    Ah, moi aussi j’ai chaud…
    Moi aussi ! Elle a retiré sa main, haha !
Je me gratte le nez avec mon plan de métro pour pouvoir sourire franchement.
Les chinois ont l’air de me trouver belle ici, et c’est bon pour le moral.

La meuf de la « coloc » parlait bien anglais, il s’avérait qu’elle était enceinte jusqu’aux yeux de son mari, prof d’anglais. Je me voyais mal rentrer ivre morte et réveiller un chiard métisse en me mangeant la table basse.

Je suis allée chercher mes lentilles, il s’est avéré que ce n’était pas un acompte que j’avais versé mais bien le prix total, soit 5€. J’ai pris une douche et essayé mes « Barbie eyes » violets : ça fait des yeux de manga extra-terrestre. J’ai mangé avec R... dans un resto du Xinjiang, puis j'ai pris un taxi direction le bar le plus haut du monde. J’étais un peu nerveuse. Là-haut c’était bourré d’étrangers se trémoussant sur des tubes beuglés tellement fort que j’ai immédiatement mis mes boules quiès, ce qui m’a sauvé la soirée. J’avais loupé le champagne gratuit de peu, et il m’a fallu deux whiskeys pour me calmer. Le verre de Jameson noyé de glace était à 65 yuans, le prix d’une bière, et à peine plus cher qu’un coca. Ce n’est pas un endroit où j’irai souvent, mis à part la vue. Demain E... m’emmène sans doute à l’Appartement. Elle est vraiment cool.

Hier j’ai perdu un petit bout d’incisive en me rongeant un ongle et depuis je me suis abîmé la langue à jouer avec le rebord coupant. Ca se voit pas mais c’est pas terrible.

Il n’y a pas internet alors je ne peux pas checker mes mails. Il faut que j’aille me coucher, quand j’ai assez dormi j’aime ce que je fais, on me laisse une grande marge d’initiative sur la remise à jour du guide sur les ressources humaines en Chine, il va falloir que je remanie tout le plan. C’est bien plus intéressant que prévu. La semaine prochaine j’irai acheter un gâteau et je dirai que c’est mon anniversaire.
Il faut que je récupère mon linge demain matin. J’espère voir D..., le groom nain, assis dans son petit costard cravate à noter le poids et le nom correspondant à la lessive avec ce stylo rose de 30 cm. C’est une vision qui met de bonne humeur pour la journée.

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